Appel des jeunes

Le développement du matériel et des techniques d’escalade et d’alpinisme nous offre aujourd’hui un éventail très riche de pratiques : en salle, en couenne, en falaise, en montagne ; sur du rocher, en mixte, en dry, en cascade de glace ; sur protections à demeure ou amovibles. Mais nos terrains de jeu ne sont pas traités comme un bien commun. Ils sont étouffés par le poids culturel de la période du « tout spit », qui ne tient pas compte de la réalité et de la pluralité de nos pratiques. De nombreux conflits d'équipement surgissent. C’est désormais à nous, jeunes grimpeurs et alpinistes, de définir collectivement une vision moderne de nos pratiques et de construire les outils d’une large concertation permettant une gestion collective de l'espace commun de nos pratiques. 

Les évolutions récentes

L’état des lieux de nos pratiques montre que la moindre fréquentation de la haute-montagne au profit de la moyenne montagne et, encore plus, des zones urbaines ou péri-urbaines ne résulte pas, comme l’ont supposé certains de nos aînés, d’un manque de voies clefs en mains. Au contraire...

Le spit, apparu d’abord dans les falaises de basse altitude, puis dans les grandes voies et en haute montagne, a indéniablement contribué au développement de l’escalade et de l’alpinisme. En changeant le rapport à la chute en escalade sportive, il a permis une élévation du niveau technique qui profite aujourd’hui à toutes les formes de pratiques. En permettant de se protéger dans des zones de rocher compact, il a ouvert de nouveaux terrains de jeu. De superbes itinéraires ont été réalisés et les possibilités d’escalade ont été multipliées. Ainsi, l’ouverture par J.M. Cambon en 1984 de « L’épinard hallucinogène » en face Sud de la Meije a connu un grand succès. Tout comme celle, deux ans plus tard, de « Aurore Nucléaire » au Pic sans nom, renouvelant la fréquentation du secteur sauvage et délaissé du Glacier Noir.

Pourtant aujourd’hui l’attractivité de ces voies clefs en main en haute-montagne s’essouffle. Les données recueillies par le gardien du refuge du Promontoire sont à cet égard éclairantes. Ces dix dernières années, le nombre de nuitées du refuge a augmenté régulièrement. Près de 85% des réservations sont motivées par une course d’escalade ou d’alpinisme, dont seulement 6% concerne des voies équipées. Ainsi, contrairement à des idées préconçues, le nombre de cordées parcourant des itinéraires pas ou peu équipés est en croissance.

Si l’on quitte le cadre de la haute-montagne pour s’intéresser à la pratique de l’escalade dans le Verdon, on constate d’une part, l’émergence de voies clefs en main situées sur des parois satellites, telles que Félines, qui rencontrent un réel succès et d'autre part, l’évolution de la fréquentation dans une voie phare comme « ULA », qui a connu plusieurs strates d’équipement.

A son ouverture, la voie n’était équipée que de quelques pitons. Sa fréquentation régulière s’est accrue lorsque l’émergence des coinceurs a en partie réduit son engagement. Elle a ensuite été partiellement équipée avec des scellements aux relais et aux emplacements des pitons de l’ouverture, conservant ainsi son caractère. Sa fréquentation est restée importante. Au début des années 90, elle a été complètement équipée, ne nécessitant plus la pose de protections amovibles que pour des cordées au niveau trop juste. Il est intéressant de constater que la fréquentation de cette voie s’est alors essoufflée ! On peut penser que tant qu’à parcourir une voie sur spits, les grimpeurs ont préféré des voies plus récentes à la gestuelle moins « à l'ancienne ». Un fait marquant s’est produit en 2011. La voie a été déséquipée. N’ont été conservés que les scellements du premier équipement partiel. Cette initiative a provoqué nombre de réactions ; on y voyait un acte élitiste qui ne manquerait pas de faire chuter la fréquentation de la voie. Tout au contraire, la ULA a connu un net regain de fréquentation. Débarrassée de la concurrence avec les escalades clefs en mains cette voie a retrouvé l’attrait de la pratique dite « trad » sur protections amovibles.

Dans le cas des pratiques péri-urbaines, il ne s’agit pas pour nous de discuter des falaises équipées clefs en main qui sont nettement majoritaires en France et qui, par la nature du rocher, n’ont souvent pas lieu d’être équipées autrement que sur spits. Nous voudrions plutôt évoquer un lieu de pratique particulièrement révélateurs des tendances actuelles : Annot. Ce site concentre sur un rayon très réduit (30 mn en marchant) des voies de couenne sur spits, des voies de couenne « clean » sur protections amovibles et relais en place, et des blocs. Annot, fruit d’un fort investissement de quelques acteurs locaux en dehors des fédérations, est un exemple de cohabitation de nos pratiques plurielles. Il est aussi la preuve de l’intérêt contemporain pour une escalade sans spits. Il suffit d’un court séjour à l’automne ou au printemps pour constater l’attrait des fissures non équipées, où il est souvent nécessaire d’attendre son tour dans les plus jolies classiques. La fréquentation des voies sur spits d’Annot est bien plus faible, bien que ces voies soient très belles.

Nous finirons par le cas de la pratique hivernale en mixte et cascade de glace. Ces pratiques plutôt confidentielles à leurs débuts (en témoigne la quantité d’ouvertures réalisées par une poignée de précurseurs durant de nombreuses années) sont aujourd’hui très courues, et on assiste chaque début de saison au spectacle des cordées qui se bousculent dans les quelques itinéraires tôt en conditions. On assiste aussi à l’ouverture de nombreux itinéraires mixtes dans les massifs de proximité, signe d’une bonne vitalité de la pratique. 

Deux phénomènes marquants

Premièrement, ces exemples montrent que proposer des voies clefs en main en moyenne ou haute montagne comme l’ont fait nos ainés n'est pas nécessairement la bonne démarche pour augmenter la fréquentation des itinéraires. Non seulement cela n’apporte plus de nouveaux pratiquants mais l’équipement clefs en mains de voies déjà existantes en « trad » peut en faire chuter la fréquentation. Les exemples d'Annot et de la pratique hivernale montrent par ailleurs  que des itinéraires non équipés sont attractifs.

Deuxièmement, on constate que c'est en milieu urbain et péri-urbain, dans les salles d'escalade et en falaise, que l’augmentation de la fréquentation est la plus forte.


Les ressorts de ces évolutions

Plusieurs explications de ces évolutions peuvent être proposées

  • L’augmentation du nombre des pratiquants de l’escalade « sportive » en salles d’escalade et en couenne ne s’explique pas uniquement par l’aspect sécuritaire de l’escalade sur spits, sans quoi nous assisterions en même temps à une augmentation de la part des escalades équipées clefs en mains en haute-montagne. Il faut prendre en compte un autre facteur : l’escalade en milieu urbain ou péri-urbain fait disparaître les contraintes pratiques ou logistiques inhérentes à l’alpinisme et l’escalade en milieu alpin (météo, saisons, transport, temps nécessaire à la réalisation d’une course, investissement matériel etc.)
  • Si l’utilisation du spit a provoqué un renouvellement et une redistribution des pratiques en montagne, ce mouvement s’essouffle aujourd’hui. Il ne correspond plus à la pratique « moderne ». Ainsi à son ouverture « L’épinard hallucinogène » représentait un vrai challenge pour « l’alpiniste moyen » et une élévation du niveau technique des escalades à la Meije. Aujourd’hui, avec la progression du niveau d’escalade, ce type de voie ne répond plus à cette motivation. La création d’une offre abondante de voies (très) techniques et (très) esthétiques en milieu péri-urbain et moyenne montagne y répond mieux.
  • La progression du matériel (friends, ball-nuts, coinceurs, …) a permis l’émergence de voies de niveau technique supérieur peu ou pas équipées qui se parcourent sans exposition excessive. « Mitchka » (face Sud du grand Pic de la Meije) et les voies Piola du Mont-Blanc en sont le parfait exemple. Leur fréquentation importante témoigne de l’intérêt pour ce type d’itinéraires. On constate d’ailleurs une fréquentation soutenue des itinéraires classiques tels que la « Pierre-Allain » (Face Sud de la Meije), qui conserve depuis toutes ces années son aura. Ainsi il est intéressant de constater que l’usure qui touche les voies clefs en main d’altitude ne gagne pas les classiques peu équipées.

Cet état des lieux conduit à revoir la place du spit dans le développement des pratiques de l'alpinisme et de l'escalade. S’il est un vecteur de développement des pratiques en salle et falaises de proximités, il ne l’est plus pour les pratiques de moyenne et haute-montagne.

Les jeunes pratiquants de l'escalade et l'alpinisme

Pour comprendre l’évolution des pratiques, il faut aussi s’intéresser aux jeunes pratiquants de l’escalade et de l’alpinisme.
C'est un constat qu'on fait facilement en discutant avec les grimpeurs-alpinistes de passage par exemple au Refuge du Promontoire : ils sont aussi dans une immense majorité des pratiquants d’escalades « clefs en main » dans d'autres lieux comme à Presles, skieurs de randonnée, amateurs de cascade de glace, grimpeurs de salle. 
On constate la même chose en dehors de la haute-montagne avec des grimpeurs qui pratiquent autant en salle qu'en grande voie et en terrain d'aventure, par exemple à la Sainte-Victoire ou dans les Calanques. En somme, des gens avec une pratique plurielle.

Un autre constat que l’on peut dresser sur notre génération de jeunes grimpeurs et alpinistes, c’est celui d’une génération qui cherche à redonner un sens à l’aventure.
Ainsi nos ainés, après avoir conquis les sommets, puis s’être attaqués aux arêtes, aux piliers et aux faces, avant d’avoir ouvert les directes et les directissimes, et enfin transcrit ces évolutions dans les massifs de haute altitude, ont comme chaque génération décrété « la mort de l’aventure ». C’est oublier que l’alpinisme consiste justement à réinventer sans cesse l’aventure !

Aujourd’hui, par l’évolution du matériel, nous avons aussi la possibilité d’ouvrir ou de parcourir en libre de beaux itinéraires sur protections amovibles. La légèreté du matériel ouvre des possibilités d’enchainement qui n’ont de limite que le manque d’imagination ou le temps disponible.
Aujourd’hui nous, la jeune génération, nous réinventons l’aventure dans la proximité comme l’illustre le projet « Alpine line » de Y. Borgnet et Y. Joly.

L’urgence d’une concertation entre les pratiques

On assiste chaque année, sur les sites internet communautaires ou dans les magazines à des débats extrêmement polarisés entre les tenants du « tout spit » et ceux du « sans spit ». Ces débats ne font plus rien avancer aujourd'hui. L'enjeu n'est pas de « faire triompher » une forme d'escalade ou d'alpinisme au détriment d'une autre, mais bien au contraire de faire co-exister intelligemment des pratiques qui se complètent et s'enrichissent mutuellement.

Ainsi on peut regretter l'absence de concertation qui sévit ou a sévi dans des lieux tels que la Chartreuse, où l'escalade clefs en main sur spits à rongé le territoire des voies classiques partiellement équipées sur pitons, et en particulier les plus faciles d'entre-elles qui servaient à l'initiation.
On peut en revanche saluer des initiatives locales de concertation telles que la convention équipement du Parc National des Écrins, la charte escalade de la Sainte-Victoire ou encore la gestion du site d'Annot. Sur tous ces espaces, bien que des tensions existent, un mode de gestion concerté permet de conserver un équilibre entre les pratiques de chacun. Et préserver le bonheur de tous.
On peut aussi rappeler qu’en bien des endroits ailleurs qu’en France existe une concertation entre les pratiques : Grande Bretagne, Costa Blanca, Croatie, Gran Sasso, Dolomites, par exemple.

Le vallon des étançons est une illustration parfaite de cohabitation entre les pratiques et de la réussite de la convention escalade du parc national. Parti de la Bérarde, on trouve rapidement les sites d'escalade sportive en couenne. A peine plus haut, on pratique l'escalade dans des grandes voies clefs en main de proximité à la tête de la Maye et aux contreforts du Replat. On peut, à la journée ou depuis le refuge du Chatelleret, pratiquer une escalade peu équipée «de proximité » au pilier Candau (Gandolière) ou à la Tête Sud du Replat. On trouve une escalade plus sauvage et engagée en face S de la Meije (Allain, Chapoutot, Dibona, …), de l'alpinisme classique (Aigle, SSW des Cavales, Gény), mixte (Z en face N, Pavé) ou neigeux (SE et NE du Râteau).
S'il y a un vallon qui illustre positivement la pluralité des pratiques, c'est bien celui-ci.


Nous jeunes grimpeurs et alpinistes souhaitons mettre en place une concertation entre les pratiques afin de redonner à chacun un espace d’expression. En particulier il nous semble urgent :

  • De cesser la destruction des itinéraires d’escalade traditionnelle par leur équipement clefs en mains.
  • De rendre aux escalades peu ou pas équipées leur statut de terrains d’initiation et de progression, afin que les pratiquants ne se trouvent pas contraint de débuter directement dans des itinéraires difficiles ou d’accès compliqué.
  • De laisser des espaces vierges dans lesquels notre génération et celles à venir puisse s’exprimer.
Forts de ce constat nous sommes nombreux à souhaiter organiser la tenue d'un rassemblement dont les objectifs seront :
  • Faire des jeunes grimpeurs et alpinistes les moteurs de la promotion de la diversité des pratiques et de la concertation entre les pratiques 
  • Rassembler les pratiquants de tous horizons, quelle que soit leur pratique.
  • Réaffirmer l'alpinisme et l'escalade comme étant des pratiques plurielles avec une continuité de l'escalade en salles jusqu'aux grandes parois alpines.
  • Construire les outils d'une concertation, afin de préserver le terrain commun de nos pratiques d’escalade et d’alpinisme sous toutes leurs formes.

Ce rassemblement organisé à Grenoble sera l’occasion d’élargir ce premier texte en débattant des problématiques centrales de ce renouvellement des pratiques d’alpinisme et d’escalade :
  • Quelle est la place de l’engagement et du renoncement dans nos pratiques ?
  • Comment articuler les différentes composantes de ces pratiques plurielles afin de garantir un terrain de jeu géré comme un bien commun, en gardant une place pour chacun quel que soit son niveau et son mode de pratique ?
  • Faut-il changer notre façon d’équiper, afin de redonner un espace aux pratiques peu ou pas équipées, dans les falaises d’une ou plusieurs longueurs ? Une mixité des pratiques et des équipements au sein des sites d’escalade est-elle possible et souhaitable ?
  • Comment peut-on garantir aux futures générations des terrains dans lesquels elles pourront s’exprimer notamment par l’ouverture et le parcours d’itinéraires laissés sauvages (pas d’équipement et pas ou peu d’infos) ?

Ce rassemblement se conclura par l'écriture commune d'un manifeste, ayant pour objectif de faire la publicité la plus large possible de cette initiative et de soutenir la mise en place des outils de concertation.

Merci à celles et ceux qui, à travers de multiples discussions, ont participé à l'élaboration de cet appel.

Nous invitons chaleureusement toute personne concernée et motivée par cette initiative à signer ce texte et à nous rejoindre pour préparer le rassemblement de Grenoble.




Débutant ou cador, pratiquant acharné ou occasionnel, ton avis compte !
Toi aussi deviens co-signataire de cet appel !




7 commentaires:

  1. Malheureusement je ne suis pas jeune grimpeur ni jeune alpiniste. Je ne suis donc pas autorisé à signer.
    Mais équipeur d'environ 500 voies.
    J'ai toujours pensé qu'il fallait sauvegarder le terrain pour que les différentes pratiques puissent se réaliser.
    Pour moi il est insupportable de voir des jeunes et des moins jeunes d'ailleurs, mourir pour un spit non posé.
    Même la plus belle montagne ne mérite pas le décès de nos êtres chers.
    Vous avez raison de vouloir protegér le terrain sur lequel vous êtes à l'aise, pour l'instant !!
    Je pense aussi que tôt au tard l'équipeur d'une voie pourra être inquièté en cas d'accident. Et ça, ça changera la donne de ne pas avoir posé le matériel adéquat et accepte par l'esprit securitaire de notre société.
    Vous avez raison ! Il est important, d'en parler entre nous tous, et pas seulement entre jeunes. A mon époque nous avions réalisé cela pour la taille des prises et cela a été bénéfique pour l'escalade et son support.
    Cordialement. Jean-robert Bergoend

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    1. Bonjour,

      Je pense que faire l'amalgame spit =sécu absolue et coinceur = danger n'est pas réaliste.

      Quand on regarde les données en accidentologie, on constate que la pratique pure du TA n'est pas plus accidentogène, même si les accidents sont parfois très graves (ce qui est également le cas en bloc, SAE, voie équipée...)

      Tout aseptiser n'apportera pas une sécurité en plus, au contraire. C'est en rendant la pratique accessible à tous que les accidents arrivent, il suffit de faire un résumé de la pratique des 40 dernières années en excluant le solo.

      D'autre part, si des grimpeurs souhaitent prendre des risques (les plongeurs, motards, cavaliers, randonneurs etc... on le droit de s'assumer, de pratiquer librement leur passion, loin des jugements, pourquoi une partie des grimpeurs ne pourrait pas en faire autant?), je ne vois pas pourquoi on devrait leur interdire. Notre monde est devenu très sécuritaire, la plupart des grimpeurs cherchent justement à fuir ces contraintes...

      Enfin, si cette pratique, qui est très largement minoritaire en tant qu'occupation de l'espace agréable (je parle donc de bon rocher, l'argument comme quoi il reste des falaises pourries ne tient pas!) est largement consacrée à l'escalade équipée, ne te plait pas, n'en fais pas, mais laisse ceux qui aiment aimer...

      Malheureusement, je connais plusieurs personnes qui ont perdu la vie en escalade, qui étaient des pratiquants réguliers de TA. Aucun d'eux n'est parti dans une voie non équipée...

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  2. Bonjour Jean-Robert,

    Déjà, il n'y a pas d'exclusion de qui que ce soit dans cet appel. Oui il se veut porté par les jeunes, pour deux raisons :
    1) Parce que nous sommes les plus concernés il me semble par cette cause, car c'est nous qui récupérons aujourd'hui le terrain de jeu de nos prédécesseurs, avec tout ce qui s'y ai fait en bien comme en mal, et c'est nous qui le laisserons aux futurs jeunes...
    2) Pour qu'on cesse de nous répondre par l'argument massue et insupportable que la préservation des terrains d'aventure est un combat passéiste et porté par de vieux nostalgiques...
    Libre à chacun de se sentir jeune ou pas, et s'il ne se sent plus faire partie des jeunes, d'apporter son soutien.

    Par contre je ne suis absolument pas en accord avec le reste de votre discours sécuritaire, il faut cesser de vouloir s'occuper sans cesse de la sécurité des autres, particulièrement quand c'est leur souhait le plus cher de la gérer eux même, ce qui est une richesse de nos pratiques ! "Mourir pour un spit non posé", c'est l'argument le plus faible qu'on puisse trouver...
    L'esprit sécuritaire que vous souhaitez invoquer, vous en êtes le premier responsable, et l'invoquer pour justifier de détruire des terrains d'aventure est ce qu'on appelle une prophétie auto-réalisatrice : je spit sous prétexte d'éviter des ennuis, et je crée donc une "norme" qui justifiera ces ennuis, j'ai donc provoqué la cause de ma première action...

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    1. Bonjour
      Je trouve dommage de balayer d'un revers de main "argument le plus faible que l'on puisse trouver" des préoccupations qui me semblent être au coeur de votre sujet. Vous proposez de laisser des zones totalement non équipées et sans topo...pourquoi pas? Mais ne laissez pas penser que vous êtes contre tout équipement, ce qui ne me semble pas être votre propos. Si c'est le cas je ne partage pas cette orientation.

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    2. Bonjour Françoise,

      utiliser comme argument pour équiper les voies qui ne le sont pas (ce qui est en partie les détruire...), le prétexte fallacieux d’empêcher des morts est en effet un bien mauvais argument ! Le terrain d'aventure est une pratique dans laquelle un des éléments clés est la gestion de sa propre sécurité, et c'est très bien comme ça :) Puisque c'est notre choix de parcourir ces voies, laissons de coté cet argument...

      La question de laisser des zones sans topo ni équipement à demeure est effectivement intéressante, ça mérite un débat. Il ne s'agit évidemment pas de bruler tous les topos, mais laisser de petites zones "vierges" pour que chacun en profite, ça pourrait être sympa non ? ;)

      Pour finir cet appel ne laisse à ma connaissance jamais penser qu'il revendique être contre tout équipement, puisqu'il se revendique au contraire comme venant de personnes à la pratique plurielle, des salles d'escalades à l'alpinisme, avec chacun ses nuances ;) Et c'est cette richesse de pratiques et donc de lieux de pratique qu'on veut à tout prix défendre !

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  3. Bonjour Ô jeunes grimpeurs,
    J’ai des questions:
    1- A partir de quel âge peut-on signer ? Qui est jeune grimpeur ?
    1bis- Un mauvais grimpeur (comme certain que je connais mais ne nommerai pas par politesse) peut-il signer ?
    2- Pourquoi répétez-vous sans cesse : "voie clefs en mains"? Est-ce le signe d'une pratique automobile intensive du jeune grimpeur, qui parle comme un commercial-communiquant?
    3- Vous dîtes : "Aujourd’hui nous, la jeune génération, nous réinventons l’aventure dans la proximité comme l’illustre le projet « Alpine line »..." Heu, ce plaidoyer pro domo n’est pas très modeste, mais j’avoue que vous êtes impressionnants, les jeunes (ces performances modernes vidéographiée sans clefs en mains (pardon) et à toutes altitude, c’est stupéfiant ! Mais comment définissez-vous l’aventure ? Est-ce quelque chose d’objectivable, visible, spectaculaire ou intérieur, subjectif ? Chacun, dans sa vie, ne réinvente-t-il pas l’aventure, la trouve à son insu plus qu’il ne l’organise dans ses loisirs en n’omettant pas de remplir les cases du cahier de courses dont on se demande s’il ne se vide pas quand les pages sont noircies…
    4- Que signifie l’appellation « trad » quand matériel, technique, possibilités d’entraînement, approches facilitées et campto-campisme en temps réel modifient à ce point ces joyeux loisirs ?
    4bis- Question subsidiaire facultative : une pratique sans clefs en mains en solo sous vidéo et hélicoptère doit-elle être considérée comme une pratique « trad » (comme vous dîtes) et à soutenir ? 5- Enfin, y-a-t-il actuellement un problème sérieux en montagne, un risque sérieux que des équipeurs financés (solitaires ?) viennent rééquiper des séries de vieilles voies (peu parcourues) ?

    Un vieillissement prématuré affectant mes neurones et mes muscles explique sans doute l’aigreur à lire votre « appel » dans sa forme et son contenu, mais, vraiment, y-a-t-il péril en la demeure à ce point ? Vos exemples cités favorables n’indiquent-ils pas que ce problème d’équipement ne va pas infecter spécialement la haute montagne ?
    Je comprends qu’il faille aborder différents problèmes dans le monde d’aujourd’hui, pas seulement les problèmes prioritaires, les plus affolants, face auxquels on se sent terriblement impuissant, et qu’on questionne ce qui a pu être appelé parfois « éthique » (avec la modestie fréquente imbibant les discussions sur la pureté de l’approche, mais personne n’est à l’abri totalement de ces petits travers probablement)...
    Mais, si la montagne a cette place dans la vie des jeunes ou vieux grimpeurs et surtout de manière plus large pour tous, je crains que le centrage classique sur ces questions d’équipement fasse négliger des risques d’une toute autre ampleur, pour ne parler que de l’univers montagnard... Au temps d’un Laurent Wauquiez annonçant des aménagements lourds à court terme aux seules fins de pratiques « économiques » aberrantes sur des plans écologique et social, quand la logique de « performance » en vigueur infiltre toutes activités offrant rentabilité (l’alpinisme n’y échappe pas), quand le grimpeurs soucieux de perfection alpine utilise à plein régime l’infrastructure lourde (qui « désenclave » la région) qui maximise la rentabilité de l'aventure, etc.. (on est loin du « trad » d’avant-guerre, partant de Saint-Christophe pour aller au Etançons), je crains qu’il n’y ait erreur stratégique et regrette que MW ne soit pas plus critique sur cette démarche.
    Bonnes courses!

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  4. Salut les djeuns et les viocs (chacun se reconnaitra!!)

    cette initiative à l'énorme avantage d'encourager, de susciter,de faire vivre un débat vieux presque comme l'histoire de l'escalade, en essayant de d'éviter par l'échange que chacun ne s'isole dans des convictions et ne continue sa pratique la tête dans le guidon.
    Perso je pense que dans toute activité de pleine nature et toute activité humaine en général, le respect de notre environnement devrait être une préoccupation centrale.
    Et pour ce qui concerne notre pratique, de se poser sans cesse la question: "quelles falaises laisserons nous à nos enfants ?"
    D'autre part évacuer la question sécuritaire en se disant que l'on peut tout à fait se mettre en danger sur 3 goujons de 12 et être en excellente posture sur 3 coinceurs...car tout ne dépend que de l'adéquation entre la difficulté choisie et le niveau de pratique; et encore plus généralement de la place que l'on accorde à la, à sa formation.
    De plus je pense que nous sommes tousses, tout à fait autorisé(e)s à critiquer l'empreinte laissée par chacun(es) sur un patrimoine vertical qui nous est commun; par contre je trouve tout à fait inacceptable de porter un jugement sur l'engagement de tel ou telle grimpeures qui est librement consenti et qui n'engage que lui(elle). Cet engagement est et doit rester une liberté sacrée.
    Et ne pas importer dans notre petit jardin un ordre sécuritaire que nous sommes si nombreux(ses) à fuir.

    bisesatousses Paul

    Sinon que pensez vous de cette nouvelle "solution" apportée par Petzl ?
    https://www.petzl.com/FR/fr/Sport/nouveau/PULSE
    https://www.petzl.com/FR/fr/Sport/nouveau/COEUR-PULSE

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